dimanche 13 avril 2008

Train Bamako-Dakar !!!

En quelques mots, voici une histoire de notre « train-train » pas quotidien du tout !


7 mois largement passés, quelques aventures déjà vécues avec succès, quelques mots de bambara et nous nous croyions déjà de vrais aventuriers (pour ne pas dire des « Africains » !).

Lors de notre départ pour les vacances de Pâques au Sénégal, nous avons désenchanté…

Un long trimestre se terminait doucement lorsque nous avons commencé à nous renseigner sur le mode de transport qui allait nous emmener à Dakar. D’après notre grand ami le « Routard », plusieurs possibilités s’offraient à nous. Il y avait l’avion, le car ou…le train !

Si je relis attentivement la rubrique du Routard intitulée « le chemin de fer », je constate sans étonnement qu’il qualifie ce mode de transport de « vraiment pour les aventuriers de l’impossible …».
Florence et moi avions été charmés par le mot flatteur « aventuriers ». Il semblait nous correspondre à merveille après les aventures que nous avions déjà passées. Nous aurions mieux fait de nous braquer sur le mot « impossible »… (ce mot va prendre tout son sens dans la suite de notre histoire !)

Nous pensions au début qu’il n’y avait que trois possibilités de voyager en train : la première classe, la deuxième classe ou les couchettes (c’était sans compter le toit du train…occupé par les illégaux et les bandits).

Quelques hésitations entre la première classe et les couchettes…et ce fut la première possibilité qui l’emporta !

Le départ de Bamako était prévu le mercredi matin du 25 mars et l’arrivée pour le vendredi après-midi du 27 mars (3jours et 2 nuits…48h00, ce qui nous laissait deux jours pour visiter Dakar avant l’arrivée du papa de Florence et de son épouse).

Il nous restait quelques jours pour nous préparer à ce voyage…

Notre ami Routard nous signalait qu’il était possible de réserver ses billets la veille du départ…ce que nous fîmes sans hésiter.

Tout commença lors de notre arrivée à la Gare de Bamako…Le guichetier nous annonça que le « Trans. Rail » (compagnie de train privée qui semble avoir axé ses objectifs sur le transport des marchandises et non sur celui des voyageurs !) ne partirait pas le lendemain pour des raisons techniques, mais que son départ était retardé au jeudi à 9h00 du matin.
N’étant pas à un jour près…on vécut cette annonce relativement bien.

Le mercredi fut donc remplacé par le jour des courses. Il fallait prévoir de l’eau minérale, des biscuits, des conserves et de quoi se laver sommairement pendant toute la durée du voyage.
Nous sortîmes donc du magasin « La Fourmi » avec nos 12 bouteilles d’eau de Tombouctou, nos salades de riz et de pâtes, ainsi que nos biscuits bretons (que ma Bonne-Maman me fait manger depuis que j’ai des dents),…

Mercredi après-midi, alors que nous prévenions notre hôtel de Dakar de notre premier retard…un coup de téléphone nous annonça que le départ était reporté au vendredi après-midi à 14h00 « inch’Allah » ! Bien que nous n’étions pas à deux jours près (influence de ce beau continent)…cette annonce ne nous réjouissait que très peu. Cela impliquait le fait que nous n’arriverions que le dimanche en fin de journée, c’est-à-dire au moment de l’arrivée du papa de Florence et de son épouse !

Nous arrivâmes vendredi à 13h sur le quai de la gare. Quelques wagons vieux d’une cinquantaine d’années étaient en dépôt sur un tronçon de la voie. Nous n’imaginions certainement pas qu’ils allaient nous transporter et nous faire plonger dans des temps anciens…

La micheline, peinte aux couleurs du Mali et du Sénégal, entra en gare à l’heure prévue…pour le départ. Il fallait encore qu’elle se garnisse de ses wagons, de ses passagers ainsi que de ses marchandises !
Une famille malienne, vraisemblablement habituée au train, patientait à côté de nous. Il devait y avoir quatre générations couchées sur une natte en dégustant un repas à base de riz. Avec la chaleur, des effluves de graisses, d’odeurs de poulets,… donnaient à notre longue attente une touche d’exotisme dont on se serait bien passé !

C’est en montant dans le train vers 15h30 que nous découvrîmes nos places… Le wagon était séparé en plusieurs petites annexes de 8 places. Chaque annexe étant reliée aux autres par un grand couloir se terminant aux extrémités par les portes de sorties et les toilettes (je pense qu’il se devait s’agir de cela vu l’odeur et les mouches !).
Notre wagon suivait le « wagon bar » qui était lui-même précédé par le « wagon lits ».
L’annexe comportant nos deux places, était la deuxième du wagon. La crasse présente dans le wagon nous empêchait de regarder par la fenêtre…Il était amusant d’essayer de deviner la couleur réelle des banquettes.
Notre banquette était déchirée et jonchait sur le sol. Les autres places étaient prises par en partie par une famille malienne (semblant transporter tout le contenu de leur maison, ce qui nous laissait que très peu de place pour bouger).

Un fou rire éclata entre Florence et moi. Il nous semblait impensable de voyager dans de telles conditions… Après plusieurs messages laissés sur la boîte vocale de notre directrice, elle nous appela amusée de notre situation !
Suivant son conseil, je partis réclamer de nouvelles places chez le contrôleur. La visite du « wagon lits » confirma notre envie de rester en « première » classe. On nous trouva deux nouvelles places à côté de trois autres passagers. Mis à part un ressort qui manifestait son envie de sortir de la banquette, nous étions vraiment mieux installés !

Nous pûmes enfin découvrir la joie de voyager en train en Afrique ! Tandis que Florence comptait les termitières, je tentais d’estimer notre vitesse de croisière… Sans exagérer, elle dépassait rarement les 35km/h.
Grâce à la disposition ancienne des fenêtres (grandes fenêtres rectangulaires que l’on glisse vers le bas et qui font une ouverture de plus ou moins un mètre) s’ouvrait à nos yeux de magnifiques paysages.

Les deux premiers jours furent agréables. Le train faisant de nombreux arrêts, un commerce bien rodé semblait installé. On s’amusait à regarder le va et vient des marchandises que les passagers vendaient ou achetaient. Cette ambiance était soutenue par les appels des marchands qui s’activaient à chaque fenêtre !

La première nuit fut relativement plus agréable que la deuxième ! En ignorant toujours le fait que nous étions sur nos deux banquettes aux ressorts récalcitrants, un léger vent, se rafraîchissant avec l’avancée de la nuit, fouettait nos visages. Les mouvements du wagon berçaient notre sommeil léger…

Que du bonheur me direz-vous. Et bien non !
Le coucher du soleil avait mis en éveil les cafards…en famille, ils sortaient des valises, du faux plafond. Il y en avait de différentes tailles… Ils se promenaient sur nos épaules, se glissaient dans les casseroles entrouvertes des voyageurs.
Tous ces mouvements d’insectes étaient cadencés par les ronflements des passagers ainsi que par les déflagrations issues des fuites de méthane qu’ils émettaient ! Des bruits provenant des deux toilettes (sans porte) situées aux extrémités du wagon contribuaient à chasser la poésie du voyage…

Nous passâmes la deuxième nuit à l’arrêt. Nous étions depuis quelques heures sur le territoire sénégalais, bloqués par un train de marchandises qui, nous précédant, avait déraillé !
Nous n’arrivâmes pas à trouver le sommeil cette nuit-là. Etant dans une gare, nous étions exposés au vol et aux agressions.
Le problème fut résolu le dimanche à 7 heures du matin. Nous admirions à nouveau le paysage, les baobabs à perte de vue, les perdrix surprises par le passage du train ainsi que de vieux wagons couchés le long des voies (témoins d’un déraillement passé).

Au fil de la journée, nous apprenions que notre arrivée à Dakar serait tardive…

Arrivés à quarante kilomètres de Dakar (vers 23 h00), nous vîmes la majorité des passagers descendre (dont Germaine). Nous nous retrouvions les seuls toubabs (blancs) du train assis sans personne dans notre compartiment. Le couloir du train était éclairé par des petites lumières inefficaces.

Le train redémarra vers minuit. Il ne fit que quelques kilomètres en brousse avant de s’immobiliser. Il faisait noir, nous entendions des cris ainsi que les pas des brigands qui couraient sur le toit du train. Loin d’être rassurés, nous tentions de garder notre calme ! Plusieurs jeunes nous avaient repérés dans le wagon. Les gendarmes passaient de temps en temps dans le couloir avec une jeune menottée.

Le train se bloqua encore deux fois avant de reprendre sa route. Nous avions perdu quinze minutes, ma batterie de GSM était faible et je ne savais plus émettre d’appel ! Une heure nous séparait encore de la gare de Dakar.

L’apothéose fut à son comble lorsque, lancé à une pointe de plus ou moins 50km/h, le train se mit à trembler en dégageant une poussière mêlée à de la fumée et soutenue par une odeur de silex broyé. NOUS AVIONS DERAILLE !
Trois wagons étaient partis à la rencontre de la brousse qui longeait les voies… Au milieu des cris et des mains qui se levaient vers le ciel, on observait des faisceaux de lampes de poche qui se frayaient un passage dans la fumée.
Le constat était désolant. Cela impliquait que l’on devait attendre de l’aide qui ne serait présente que le lendemain ! Les gens arrivaient de nulle part pour participer à l’attraction du moment.
Proches de la crise cardiaque, nous tentions mutuellement de raisonner. Il était hors de question de passer une nouvelle nuit dans ce train ! Une route, parallèle aux voies du train, se situait à une centaine de mètres. Des voitures s’arrêtaient, klaxonnaient.

Les gendarmes (présents dans le train depuis la frontière sénégalaise) nous conseillèrent vivement de rester dans le train.
L’hôtel nous appela inquiet de ne pas nous voir arriver en gare de Dakar. D’une voix tremblante, nous lui expliquâmes notre dernière aventure. En citant la dernière gare que nous avions traversée, il situa vite la route voisine.

Son chauffeur devait arriver dans une Peugeot 205 blanche. Florence et moi observions du mieux que possible les voitures qui roulaient au loin. C’est une voiture blanche qui déclancha notre départ. Sautant du train avec les valises, nous courûmes à travers les fossés et la brousse qui nous séparaient de la route. Florence s’écorcha le pied dans les épines…et on manqua de se rompre des os !
Arrivés sur la route…la voiture blanche avait disparu! L’unique voiture située à cinquante mètres semblait animée par une bagarre. Ce fut donc dans un élan inverse que nous courûmes vers le train que l’on venait de quitter !
Les responsables du train, inquiets pour notre sécurité, nous demandèrent de rentrer dans le train.
Essoufflés, paniqués, épuisés par notre voyage…nous étions en proie au premier prédateur !

Un petit panneau portant le nom JONVILLE se promenait depuis quinze minutes le long du train. L’instant de libération nous donna le sourire… Trois heures du matin étaient déjà passées lorsqu’on embrassa les Parents ! Les vacances pouvaient enfin commencer …

Notre retour vers le Mali se fit en avion…statistiquement nul en déraillement et en brigands sur le toit !!!

PS : Nous gardons néanmoins d’excellents souvenirs de ce voyage en train (notamment Germaine, épouse d’un ancien ambassadeur du Mali en Russie, qui nous avait pris sous son aile).






















2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il a l'air bien ce train! Et puis yavait Germaine. Allons les enfants, vous n'allez pas nous faire peur tout de même?

Maman de Titou

Anonyme a dit…

Et bien dites donc ! Je me doutais bien que votre trajet ne serait pas de tout repos, mais à ce point... Comme qui dirait : vous avez eu chaud aux miches ! ;-)